Au secrétariat d’État à la jeunesse, on a décidé d’améliorer la formation sur un point. « En vue de l’ouverture de l’édition 2024 du SNU, et sur la demande de Prisca Thevenot, tous les encadrants seront formés pour permettre la prévention des signalements, mais aussi la formation à la sensibilisation aux comportements sexistes et sexuels ».
Val d’Oise, Pontoise, Juin 2019.
Rester droit sans bouger n’a rien de simple, parfois. La preuve, une dizaine de jeunes du centre tombent dans les pommes, trop tendus, trop longtemps dans le soleil lors de la commémoration de l’appel du 18 juin, en présence du préfet et des huiles de la région, à Taverny (Val-d’Oise). […] Sous le cagnard, les cadres s’agacent : « Vous vous plaignez que c’est trop classique ce que vous faites, on fait venir tout ça et vous trouvez encore le moyen de vous plaindre ! L’engagement, c’est pas que des paroles ! C’est insurmontable d’être debout ? Et retire les mains de tes poches, toi ! »
https://www.leparisien.fr/societe/deux-semaines-avec-nicolas-volontaire-du-service-national-universel-30-06-2019-8106369.php
Eure, Evreux, Juin 2019.
A l’occasion de la commémoration de l’appel du 18 juin, immobiles sous le soleil, 29 jeunes font un malaise en pleine cérémonie. C’est un truc habituel chez les bleu bites, tous y sont passés. Droit, fidèle au poste, jusqu’au bout, quoi qu’il arrive ! Oui, chef !
https://www.leparisien.fr/societe/evreux-29-jeunes-du-service-national-universel-font-un-malaise-en-pleine-ceremonie-19-06-2019-8096430.php
Val d’Oise, Juillet 2019.
« Ils [les encadrants militaires] ont fait une soirée et ils ont réveillé tout le monde avec une alarme incendie. Ils ont jeté des fumigènes et ont simulé une fusillade« . Plusieurs jeunes ont « perdu connaissance« , d’autres « ont fait des malaises et crises de panique ». […] « des personnes ont fait des malaises ». Les jeunes auraient aussi subi de petites humiliations d’un cadre « particulier ». « Il faisait peur a tout le monde« .
Eh oui, c’est ça les vraies simulations, c’est autre chose qu’une vidéo ou une photo. Il faut ressentir le trauma, normal, sinon tu peux pas comprendre le délire. C’est ce qu’on appelle une PRATIQUE PEDAGOGIQUE.
https://www.francetvinfo.fr/societe/education/service-national-universel/service-national-universel-un-bilan-mitige-pour-les-adolescents-et-leurs-encadrants_3522657.html
Yssingeaux, Brives-Charensac (Haute-Loire), juin 2021-2022
Une volontaire de 16 ans draguée par un encadrant. « Il était très tactile avec moi, il m’a fait plusieurs câlins, mais je n’étais pas la seule. Et aussi un bisou sur la joue, des caresses sur la tête et le dos, surtout le dernier jour, raconte Maeva. Je le prenais pour des marques de soutien envers moi, et je pense que ça lui a peut-être permis d’en profiter. »
Juste après le séjour, l’encadrant Chris pleure : « Tu me manques. J’ai très envie de te voir. Tu me laisses pas indifférent. » « Quand tu es partie, ça m’a fait un vrai pincement. ». Le chef de centre a considéré qu’il n’y avait « pas lieu de s’inquiéter », que Chris s’était certes pris d’affection pour elle, mais « comme d’un père à sa fille ». Le chef de centre, un cadre retraité du ministère du travail, adjoint au maire en Normandie, le recrute l’année suivante pour le séjour à Brives-Charensac. Il obtient même une promotion, devenant capitaine de compagnie puis est viré l’année suivante.
Mais un autre tuteur du stage, Léo, s’est soucié de la situation. « Quand j’ai appris ce qui s’était passé en 2021, j’ai explosé : j’ai écrit un mail à mes supérieurs, où je reprenais tout ce qui, pour moi, n’allait pas dans le SNU en termes de formation, de recrutement, d’encadrement, de suivi. Suite à ce mail, j’ai été convoqué par Angelo, le chef du centre, pour me demander ce qui me prenait. » Léo lui parle alors des échanges entre Chris et Maeva. « Il a radicalement changé de posture avec moi. Il s’est fermé, il m’a dit que c’était ma parole contre la sienne et que, d’ailleurs, il me trouvait bizarre. Il m’a dit qu’il avait des mauvais retours sur moi et qu’il pensait que je me droguais », raconte le capitaine de séjour, qui démissionne dans la foulée.
Une semaine plus tard, Léo est convoqué au commissariat du Puy-en-Velay, à la suite d’un signalement du centre de SNU pour de supposées violences physiques et psychologiques contre des volontaires, sans qu’on ne lui ait jamais reproché quoi que ce soit jusque-là, et sans que ses homologues ne se soient plaints de son comportement auparavant. Une responsable de la préfecture de Haute-Loire lance également une enquête sur lui, et il est demandé à plusieurs des encadrant·es du centre de témoigner à son sujet.
Léo est persuadé que les enquêtes contre lui font suite à son entretien avec le chef de centre. Il n’a pas connaissance des suites de ces procédures, mais la préfecture de Haute-Loire a indiqué qu’une « enquête judiciaire » était toujours en cours.
Aujourd’hui, Léo souhaite surtout pointer les limites de la manière dont le SNU est organisé, notamment concernant le recrutement des encadrant·es. « Quand j’ai été recruté, c’est allé très, très vite. C’était un petit entretien à l’oral et c’est tout. Et le temps de formation est très réduit, souligne-t-il. Ils embauchent sans grande expérience et sans formation sérieuse, ça crée ensuite beaucoup de problèmes sur les séjours. »
L’ex-capitaine, qui est travailleur social, insiste sur la difficulté de prendre en charge « des jeunes qui peuvent avoir un handicap physique ou psychologique » : « On n’était pas du tout formés à ça, c’est du gros bricolage et une catastrophe en termes d’inclusion. » Kheira confirme. « J’ai été embauchée alors que je n’avais aucune expérience dans le domaine de l’éducation populaire ou de l’animation. Je suis juriste dans une collectivité ! On a eu une semaine de formation et c’est tout », déplore-t-elle.
Un capitaine présent lors du stage de Léo en 2022 a d’ailleurs consigné par écrit pour la préfecture ce à quoi les encadrant·es du SNU peuvent s’attendre, et ce à quoi elles et ils ont tout intérêt à être préparé·es : « Des plannings complexes, des horaires précis, des caractères différents, de nombreux volontaires par tuteur et par capitaine, des dizaines de surprises (nuit aux urgences, problèmes de discipline, crise d’angoisse, dispute entre volontaires, anorexie…) qui mènent à un état de fatigue et de stress intense, ce qui apporte son lot de problèmes, de tensions et de pression. »
Martinique, Le Vauclin, Avril 2022.
les responsables de l’organisation ont été alertés par une jeune fille âgée de moins de 16 ans. Elle leur a confié avoir été agressée sexuellement par l’un des éducateurs déclenchant une enquête de gendarmerie, sous l’égide du parquet. Les parents des jeunes volontaires ont été informés. Certains auraient d’ores et déjà retiré leurs enfants de la structure vauclinoise.
https://rci.fm/deuxiles/node/4088466
Strasbourg, Juillet 2022.
130 jeunes ados participant au SNU ont eu droit à une punition collective nocturne dans la cour du collège Jean Rostand.
La raison ? Deux jeunes filles s’étaient « égarées », de nuit, dans l’internat des garçons ! Tudieu… Egalité, mixité oui ! Mais par le bordel, m’enfin !
Ah bon, on peut pas faire ça ? Ben non, la punition collective est interdite dans les lycées, les collèges (Circulaire de 2014) et à l’armée (Décret de 2005).
Résultat ? Des jeunes « sont rentrés en pleurs » et deux « encadrants » virés ou mis au placard. Ah, la pédagogie du muscle, toute la théorie viriliste en 10 volumes en action ; que c’est beau. Et dire qu’en ne répondant pas aux questions des journalistes, le Rectorat de Strasbourg veut étouffer l’affaire.
https://actu.fr/grand-est/strasbourg_67482/strasbourg-polemique-apres-la-punition-collective-de-jeunes-participant-au-service-national-universel_52479011.html
Marne, (Châlons-en-Champagne), Avril 2023.
Dépôt de plainte d’une jeune pour « agression sexuelle aggravée » au cours d’un SNU dans un Lycée.
Bah quoi, on donnait un cours sur le viol en tant de guerre ?!
https://www.francetvinfo.fr/societe/education/service-national-universel/une-enquete-ouverte-pour-agression-sexuelle-dans-le-cadre-d-un-service-national-universel-dans-la-marne_5800064.html
Hauts-de-Seine, Avril 2023.
Plusieurs dépôts de plainte pour «harcèlement sexuel, de racisme et d’humiliations lors de séjours du SNU, dans les Hauts-de-Seine, en juin et juillet 2022» commis par un commandant, et un lieutenant-colonel qui aurait eu une attitude jugée « inappropriée« , sur des tuteurs et des volontaires.
Selon le rapport d’incidents, le commandant aurait notamment dit « en s’adressant à des volontaires, mineures, qui se plaignent de ne pas avoir de toilettes dans leur chambre : ‘les filles, j’ai des toilettes dans ma chambre, si vous voulez passer, vous êtes bientôt majeures‘ ».
À un autre moment, il est précisé qu' »une tutrice s’est penchée afin de ramasser un stylo par terre, à ce moment-là, ce commandant lui a mis un coup de ventre au niveau du postérieur en disant ‘fais gaffe à pas te baisser comme ça tu pourrais te prendre des coups‘ ».
https://www.bfmtv.com/societe/harcelement-sexuel-et-racisme-lors-d-un-stage-du-snu-un-signalement-fait-a-la-justice_AD-202304190658.html