L’extrême droite et ses allié·es en Vendée

Cartographie en haute résolution.

Nous ne prétendons pas à l’exhaustivité ni à la précision. L’extrême-droite étant par nature mouvante, notre focus a peut-être déjà bougé. Les changements de nom d’organisation et les disparitions se font sans prévenir. Les dissensions et les tensions existent très fortement à l’extrême-droite, en fonction des intérêts et dynamiques. La culture du chef accentuant les changements.
En Vendée, il en est de même. Mais nous pouvons tout de même y voir une certaine homogénéité. Parce que ce qui représente la plus grande force de l’extrême-droite dans le département est ce que nous pouvons appeler la partie cachée de l’iceberg. En effet, derrière les têtes de gondoles (Philippe de Villiers en particulier), se cache la bourgeoisie et aristocratie catholique réactionnaire, qui reste assez monolithique. Nous aurons l’occasion de développer ce sujet comme d’autres évoqués ici dans les temps à venir.

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Pour mieux comprendre le positionnement des organisations et personnalités d’extrême-droite et de leurs allié·es nous l’avons divisée en plusieurs parties. Certaines organisations sont à cheval sur deux parties, d’autres ont été privilégiées ici où là parce que nous estimons qu’elles y sont plus en phase. La taille des « bulles » n’est pas toujours en rapport avec l’importance du sujet mais plus une question de lisibilité. Nous mettons des guillemets aux mots éducation et culture parce que l’endoctrinement politique réactionnaire prend le pas sur l’émancipation, la critique et la liberté normalement inhérents à ces deux concepts.

La partie « Éducation ».
L’Institut Catholique d’Études Supérieures (ICES) de La Roche-sur-Yon est la source de toute l’extrême-droite vendéenne et particulièrement dans le système éducatif par définition. Cette université privée alimente et est alimentée par tous les réseaux. Créée par Philippe de Villiers en 1990, il savait pouvoir compter sur un vivier énorme, un record en France. 51,1% des élèves (premier et second degré) de Vendée étudient dans le privé. 60 communes sur 255 n’ont pas d’école publique. L’ICES s’agrandit, notamment avec de l’argent public et attire depuis quelques années des étudiant·es d’autres régions. Autre création de Philippe de Villiers et preuve d’un choix assumé de rupture avec la République, il existe une école privée hors contrat au Puy du Fou.

La partie Conspirationnistes.
Par les failles organisationnelles du gouvernement Macron, la crise du COVID19 a permis de faire émerger toutes sortent de théories complotistes. Pour les conspirationnistes, ce fut une aubaine pour se faire connaître sur les réseaux sociaux. La crise sanitaire passée, iels ne peuvent plus profiter du confusionnisme ambiant sur la santé. Parce qu’iels attendent la prochaine opportunité (santé ou autres) pour refaire parler d’elleux, nous avons décidé de leur réserver une partie de la cartographie.

La partie « Culture ».
Le parc à thème qui s’autoqualifie « d’historique » du Puy du Fou, créé par Philippe de Villiers en 1978, a une renommée à l’internationale. Celleux qui vont voir les spectacles de ce parc (2,5 millions d’entrées en 2023) sont baigné·es dans des discours identitaires et royalistes, déformant par de nombreux aspects l’Histoire. Les guerres de Vendée sont présentées comme un génocide, ce que réfutent les historien·nes. Grâce ou malgré les nombreuses polémiques entourant le parc (bénévolats, lien avec Poutine, anneau de Jeanne d’Arc, faux historiques, dons à une association anti-IVG, maltraitance animale, fonciers, etc), Philippe de Villiers et son fils Nicolas (actuel président de la myriade d’associations représentant le parc) entretiennent médiatiquement sa notoriété. Proche des dirigeants du Puy du fou, des associations complètent la propagande royaliste et révisionniste, notamment par des spectacles comme ceux de Corentin Stemler (Grand hiver, La dame de pierre).

La partie Groupuscules.
Peu d’organisations groupusculaires sont présentes en Vendée. Numériquement très faibles, elles ne font que quelques happenings ou provocations pour exister. Le Rassemblement vendéen d’Eric Mauvoisin-Delavaud est de tous les excès pour radicaliser ses troupes et faire parler de lui/elleux. Ses réseaux sociaux servent de déversoir raciste.
Virido Galia est composé de néofascistes et de néonazis, l’antisémitisme est viscéral chez eux.
Le plus vieux mouvement d’extrême-droite de France, l’Action française (et son faux-nez « Touche pas à ma statue »), a une section dans le département. Le petit groupuscule a ses entrées à l’ICES (où la plupart de ses militant·es y étudient) par le professeur Guillaume Bernard, appartenant à ce groupuscule royaliste. Cette année, iels ont fait beaucoup parler d’elleux en dégradant la statue de Simone Veil à La Roche-sur-Yon.

La partie Électoralistes.
Réputée pour être une terre électorale de droite, nous pouvons rajouter que la Vendée a de nombreu·ses élu·es politiques de droite-extrême. Le sénateur Bruno Retailleau a, derrière une allure de curé de campagne, un fond bien intégriste et xénophobe. Nous avons intégré à la cartographie deux de ses proches collaborateurs avec son arrivée récente à Beauvau comme premier flic de France.
Des localités importantes de Vendée sont dirigées par des villiéristes (ex-Mouvement Pour la France). Yannick Moreau, ancien élève de l’ICES, est maire des Sables d’Olonne et Véronique Besse, ex mairesse des Herbiers, est députée de la 4ème circonscription. Christophe Hogard, actuel maire des Herbiers, est un ancien professeur de l’ICES qui a nommé un ancien étudiant du même établissement à la programmation culturelle de la ville. Le Rassemblement nationale et Reconquête sont très faibles en force militante mais voient augmenter leurs scores dans les urnes élection après élection. Ces deux partis sont en lien avec les groupuscules. Parce que plus vraiment actifs, nous avons mis Reconquête et Génération Zemmour en transparence (avant disparition ?).

La partie Cathos traditionalistes.
C’est là où nous retrouvons la partie cachée de l’iceberg. En 2013, lors des mobilisations contre le mariage homosexuel, la Vendée a montré un visage désastreux. Le patriarcat archaïque et religieux sortait au grand jour. Les démonstrations homophobes ont été très nombreuses. Ces mêmes haineu·ses sont toujours en croisade contre l’IVG. Très engagé contre les droits des femmes, Tugdual Derville est délégué général d’Alliance VITA (crée par Christine Boutin). Cet habitant du sud Vendée représente ce mouvement anti-avortement. Il a un réseau très dense qui s’est développé alors qu’il était porte-parole de La manif pour tous (devenu Le syndicat de la famille). En Vendée, la lutte contre l’avortement fédère un clergé rétrograde et toute l’extrême-droite.

Cartographie réalisée en coopération par le groupe Henri Laborit de la FA, Bastyon de Résistance et Solidaires 85.