L’aménagement du littoral vendéen : enjeux politiques et magouilles lucratives

Le littoral vendéen est très convoité par la bourgeoisie. Simple désir d’avoir son pied-à-terre proche d’une des plus belles côtes du pays ou volonté de créer un business lucratif sur le dos des habitant·es et des écosystèmes. Entre les initiatives déjà en place parfois en toute illégalité et celles à venir, on peut dire que les locaux·ales sont verni·es !

La cabane au fond du marais

La Cabane de Brem-sur-Mer, c’est une histoire qui remonte à 2013. Un ancien établissement ostréicole obtient une licence pour délivrer de l’alcool. Le bar-restaurant la Cabane est né. Placé en pleine zone Natura 2000, cet établissement accueille jusqu’à 200 couverts par services. Il n’est relié ni au réseau d’eau potable ni à celui des eaux usées. Conséquence : une pollution des eaux du marais par la bactérie E. coli a été constatée en août 2022 (pollution des eaux par des matières fécales, en gros).
Autre activité du lieu, la location de paddles et kayaks. Parfait pour perturber la faune sauvage et les activités traditionnelles du marais.

Bizarre qu’avec tout ça cette activité soit autorisée ? Et bien elle ne l’a jamais été. Infraction au code de l’urbanisme (changement de destination des bâtiments), au code de l’environnement (défaut d’évaluation de l’incidence sur une zone Natura 2000), au code de la construction (ouverture sans autorisation) …
En plus, un certain sénateur de l’époque du nom de Retailleau était au courant de la situation. Le super chef des flics ne ferait-il pas son boulot jusqu’au bout dans certaines situation ?

Le collectif Balance Ta Cabane a porté plainte contre cette infrastructure néfaste.
Malgré tout ça, la cour d’appel de Poitiers a classé l’affaire sans suite en 2023, confirmant le jugement du tribunal des Sables-d’Olonne de 2022.

Le collectif Balance Ta Cabane continue le combat pour faire fermer cet établissement et mettre fin à ses nuisances.

Contacter le collectif : balancetacabane@proton.me

Une vague idée en béton ?

La famille Laurent vous connaissez ? Le Jean-Jacques en question était le patron de l’entreprise bétonnant notre monde PRB. Usine qu’il a vendu à bon prix à Lafarge, société copinant avec Daech, tout en prenant soin de ne pas laisser une miette à ses employé·es. C’est ça le patronat paternaliste à la vendéenne ! Et les sousous qu’il a empochés ont bien servi car ils ont été investis dans le rachat de l’aquarium de Talmont-Saint-Hilaire pour ses filles. Un véritable aquariophile ! En fait non car désormais, ce zoo pour poissons va être transformé en surf-park. Là encore, juste à côté d’une zone Natura 2000 (la Mine). Qu’importe que les bruits des surfeur·euses en piscine, des soirées DJ des sponsors, ainsi que celui des puissants moteurs (sans compter les vibrations) viennent perturber la faune de cette zone (notamment les populations protégées de chauves-souris), tant que ça rapporte. Comble de l’aberration, ce surf-park sera situé à moins de 250 m de la mer ! Et à 500 m d’un spot de surf ! Par l’odeur du fric alléché, notre gentil entrepreneur aurait été voir les propriétaires des villas situées dans la zone, leur proposant plusieurs millions d’euros cash, on n’est pas à ça prêt dans la famille… Envie de construire un complexe hôtelier en zone Natura 2000 mitoyenne du golf ?

D’une contenance de plus de 5 piscines olympiques, ce surf-park serait rempli à l’eau de mer dessalée. Problème, les pompes de l’aquarium ne sont pas prévues pour un tel volume. Ainsi, il faudrait 150 jours pour remplir cette piscine géante (et tout autant pour la vidanger). Y aurait-il eu des mensonges sur le projet déposé ? Quant à l’évacuation des eaux salées en cas de fuite ou des eaux traitées en cas de trop-plein suite à de fortes pluies, rien. Tout irait dans la forêt de la Mine, au risque que la salinité ou les produits de traitement détruisent toute la biodiversité.

Certaines associations de surf voient cet équipement d’un bon œil pour rehausser le niveau vendéen visiblement mauvais. Mais soyons réaliste, à 80€ de l’heure, ce ne sont que des bourgeois·es avides de surf en piscine qui iront. Et surfer est avant tout une activité de symbiose avec les éléments naturels qui n’a rien à voir avec la compétition ou la volonté d’être sur un podium et d’arborer une médaille.

Le collectif AC de vagues Talmont-Saint-Hilaire et la fondation Surfrider s’opposent à ce projet inutile et polluant. Une pétition en ligne est accessible et une visite naturaliste des lieux est en cours de planification.

Une manifestation aura lieu le dimanche 15 juin à 12h00 à la plage du Veillon.

Contacter le collectif : vagues2revolte@yahoo.com

Quand les bourges s’envoient en l’air

Acheter le littoral du Bas-Poitou ne leur suffit pas, il faut aussi que ces braves nanti·es puissent se rendre dans leurs villas sans risque de se faire prendre dans les embouteillages de la plèbe.

Pour ce faire, il existe Vendée Air Park. Un « lotissement » de 70 ha inaccessible au public, avec de somptueuses demeures auxquelles les quelques 52 résident·es accèdent par avion grâce à une piste privée. Ce quartier résidentiel d’ultra-riches a son jumeau près de Luçon : l’Atlantic Air Park. Selon son concepteur, le parvenu sorti d’HEC Pierrick Anonier, ce « village » n’est pas élitiste. On le croit volontiers en regardant une propriété en vente pour une bouchée de pain : 590 000 €. Et une autre pour plus de 680 000 €. C’est vrai que c’est à la portée de n’importe quel·e travailleureuse vendéen·ne pour une maison secondaire (sans le prix de l’avion bien sûr). Ces lubies de privilégié·es ne sont pas sans risque puisque ces « Parks » vendéens sont à l’origine d’accidents graves, dont l’avant-dernier, qui date de 2024, a fait 2 morts.

Vendée Air Park est, tout comme le projet de surf park et le golf de Bourgenais, sur la commune de Talmont-Saint-Hilaire, la commune dirigée par le très à droite Maxence de Rugy (passeport du civisme, uniformes à l’école…).

Il y a encore mieux, l’agglomération des Sables-d’Olonne souhaite étendre son aérodrome, situé à deux pas du projet de surf park. Outre le bruit des aéronefs dérangeant les riverains, la pollution engendrée par ces avions de tourisme ou publicitaires est colossale. Ce projet d’extension destine cet aérodrome à l’accueil de vols d’affaire… des jets privés d’ultra-riches en somme… comme ce fut le cas il y a peu de temps pour l’aérodrome des Ajoncs (La Roche-sur-Yon). Cet agrandissement couterait la modique somme de 4,5 millions d’euros. En période où les nanti·es demandent aux travailleureuses de se serrer la ceinture, c’est chic ! Et puisque les cadeaux à la bourgeoisie sont à la mode, le stationnement des avions sera payé par la collectivité !!!

L’association DCA des Olonnes lutte contre ce projet polluant et inutile et a mis une pétition en ligne.

Une manifestation aura lieu le samedi 14 juin à 14h30 place de Strasbourg.

Contacter le collectif : contact@dca-des-olonnes.fr

On continue à plonger dans la connerie infinie et au-delà ! Cette fois c’est sur l’Île d’Yeu qu’on se rend où une hélistation illégale est installée dans le port, en plein milieu des habitations. Mieux, gérée par l’entreprise privée Oya (dirigée par le meilleur pote de Retailleau), cette hélistation a bénéficié, selon le Canard Enchaîné, de plus de 4 millions d’euros d’aide publique pour des « évacuations sanitaires » qui n’en sont pas. On va plus loin ? N’étant pas située dans l’aérodrome, Oya ne paie pas la redevance aéroportuaire. En plus, 450 000 euros annuels d’aide publique (encore) sont versées pour faciliter la mobilité des (riches) islais. Déclaré illégale par le tribunal de Nantes, cette activité perdure encore car, selon la mairesse, elle est soutenue par « qui vous savez » (Retailleau).

L’association Les Riverains du Port combat cette hélistation.

Contacter le collectif : associationdesriverainsduport@yahoo.fr

Résister

Dans le genre projet polluant et ne servant qu’aux fortuné·es, on se souvient de l’obsession monomaniaque de l’ancien maire et futur candidat de Brétignolles-sur-Mer, Christophe Chabot, pour avoir un port de plaisance. Le genre d’infrastructure servant à parquer des voiliers de nanti·es qui n’ont pas le pied marin mais qui cherchent un endroit atypique pour prendre l’apéro. Ce projet de port situé à la Normandelière devait raser une zone naturelle d’intérêt floristique et faunistique, chasser des paysan·nes bio et détruire un patrimoine préhistorique… rien que ça. Alors que les travaux étaient illégalement engagés, une ZAD avait fleuri sur un terrain privé au cœur du projet. Parallèlement aux actions juridiques portées par l’association la Vigie, la ZAD de la Dune a permis d’occuper le terrain, de ralentir les travaux, de mener des actions d’information, de pédagogie et de sabotage.

Avec les beaux jours qui vont arriver, on ne peut que soutenir les initiatives militantes qui iront dans le sens de l’occupation des lieux visés par les projets inutiles et imposés précédemment cités. Les travaux du surf park sont censés débuter en juin de cette année.

Le 14 juin, une manifestation contre l’agrandissement de l’aérodrome des Sables-d’Olonne est organisée par DCA des Olonnes. Le dimanche 15 juin un rassemblement est organisé contre le surf-park. N’attendons pas, mobilisons-nous !

Et qu’en est-il des classes populaires vivant sur place ?

A Talmont-Saint-Hilaire, le taux d’imposition concernant la taxe foncière a été multiplié par 3 en moins de 10 ans. Le montant collecté par la taxe foncière a lui été multiplié par 5,6.
Aux Sables-d’Olonne, elle a été multipliée par 2 en 10 ans et le montant collecté par 5.
Ces augmentations ne suivent pas l’augmentation du coût de la vie et encore moins l’augmentation des salaires. Si bien que des personnes habitant les lieux depuis plusieurs générations n’ont tout simplement plus les moyens de vivre dans leur maison familiale. L’aménagement du littoral en parc de loisir pour privilégié·es ainsi que la construction d’infrastructures à touristes font grimper le prix de l’immobilier et des terrains. Si bien que certaines zones sont tout simplement désertées par les foyers plus jeunes n’ayant pas les moyens de payer pour ces prix défiant la raison. Entre 2010 et 2021, la population âgée (> 60 ans) des Sables a augmenté de plus de 15%. Sur Talmont-Saint-Hilaire, elle a augmenté de 26%. Le graphique ci-dessous nous donne un aperçu de la catastrophe démographique en cours sur Talmont.

Le vieillissement de la population ainsi que la prolifération d’infrastructures touristiques et de maisons secondaires conduiront inéluctablement à la fermeture de classes et à l’apparition de villes fantômes hivernales.

Autre problème touchant les habitant·es du cru, le recul du trait de côte. Ce phénomène est lié à l’érosion du trait de côte par des phénomènes naturels mais aussi à cause de l’artificialisation des sols ou de sa mise à nue pour faciliter le tourisme. Une dune sans végétation sera plus à même d’être déplacée par le vent ou les marées que si le sable est maintenu par un réseau racinaire de pins, de chênes verts et de diverses plantes halophytes (résistantes au sel). Le recul du trait de côte est amplifié par la montée des eaux due au réchauffement global, ainsi que par les tempêtes favorisées par le dérèglement climatique. La commune de la Tranche-sur-Mer est l’une des 5 communes vendéenne où le phénomène inquiète et est recensé.

Selon le Cerema (centre d’étude sur les risques environnementaux), ce sont 319 habitations qui seront inhabitable d’ici 25 ans, et plus de 41 000 en 2100. Des actions d’enrochement sont effectuées par endroit, essentiellement pour protéger des lieux gentrifiés ou touristiques. Mais nombre d’habitations modestes transmises de génération en génération sont laissées à la merci des éléments et ne sont d’ores et déjà plus assurables.

La déportation et le flicage des pauvres

Pour résumer les paragraphes précédents, on peut dire que d’un côté, le littoral vendéen est envahi par tout un tas d’infrastructures, financées à grand coups de magouilles et d’aides publiques, qui ne bénéficient qu’aux riches. Ces infrastructures contribuent à bétonner le littoral et à détruire la biodiversité et donc à fragiliser le trait de côte.

D’un autre côté, nous avons une population historique, issue de générations de pêcheur·euses, d’ouvrier·ères, de paludier·ères et de paysan·nes, qui doit migrer à cause de l’augmentation des impôts locaux de ces villes gentrifiées ou qui vont devenir des réfugié·es climatiques, faute de volonté politique pour protéger le littoral de l’érosion.

Gentrification va de pair avec répression comme le capitalisme s’accommode du fascisme. C’est pour ça que la commune de la Tranche-sur-Mer a investi plus de 600 000 € pour faire installer une centaine de caméras de vidéosurveillance (une pour trente habitant·es), faisant d’elle une ville plus fliquée que Moscou. Un budget conséquent (comme celui de la police municipale) bien loin devant celui de la protection du trait de côte (moins de 150 000 €). Faut dire que la ville multiplie son nombre d’habitant·es par 26 l’été (par 47 si on compte les touristes de passage) et compte presque 6 fois plus d’habitations secondaires que principales. Talmont-Saint-Hilaire n’est pas en reste avec ses 80 caméras, ni les Sables-d’Olonne avec plus de 300 ! Faudrait pas que la plèbe en camping vienne détériorer ce Disney-Land rupin.

Quand le littoral vendéen sera devenu un golf géant vidéosurveillé, nous ne pourrons qu’espérer qu’un raz de marée vienne nettoyer toutes ces horreurs et leur promoteur·trices avec.