Le 10 octobre, le groupe Henri Laborit de la Fédération Anarchiste a organisé sa première causerie où Michel Gautier s’est illustré en conteur passionné et passionnant de l’histoire populaire du Bas Poitou.
Notre invité, Michel Gautier, a pu nous présenter un autre visage de la Vendée. Un autre récit que celui proposé par le puy du fou. Un récit loin des bigoteries et de la soumission à la monarchie, aux patrons ou au clergé. La pluralité du peuple du Bas-Poitou, de ses luttes, de sa résistance quotidienne aux oppressions, était illustrée de sources historiques, de récits de gens du peuple et même d’enregistrements de nos ancien·nes. Les traces de la tradition orale succédant aux récits de certains clercs anti-autoritaires nous ont dépeint des aïeu·ses et une Histoire plébéienne dont nous pouvons être fier·ères en tant que militant·es anarchiste du Bas Poitou d’aujourd’hui.
Le récit débutera avec les jaqueries du XVIIe siècle dont le Bas-Poitou ne sera pas épargné. Des émeutes contre les taxes aux massacres des commis aux impôts, les textes ne manquent pas pour illustrer l’esprit rebelle des ancêtres des Vendéen·nes contre lesquel·les les seigneurs enverront déjà à cette époque leurs armées pour mater les récalcitrant·es à l’ordre établi.
S’en est suivi un court récit sur la Vendée protestante, parfois en conflit ouvert avec le clergé catholique, venant couper court à cette vision d’une Vendée aux racines uniquement catholiques.
Puis, 1793… qui ne fut pas le soulèvement pour un dieu ou un roi dont fantasme les de villiers, mais plutôt une guerre intestine multiforme selon l’auteur. Citant l’ouvrage de Michel Perraudeau (Vendée 1793, Vendée plébéienne), ainsi que les découvertes des dernières décennies des historien·nes, Michel Gautier a montré que les soulèvements avaient souvent pour origine la destruction de la paroisse comme entité administrative décisionnelle locale face à un centralisme parisien. La suppression des privilèges et la confiscation des biens de la noblesse n’ayant jamais abouti à une réforme agraire ou une répartition des richesses mais au contraire à la mise en place d’une haute bourgeoisie prenant la place des ancien·nes maître·sses. La conscription fut aussi un élément déclencheur des guerres de Vendée. La jeunesse refusant majoritairement de servir une république au péril de leur vie et loin de leurs proches.
Puis vint le temps de la bourgeoisie, grande propriétaire terrienne, et du métayage. Exploité·es, les journalier·ères agricoles ont su trouver de nombreuses ruses pour voler les possédants lors des moissons et récoltes. Du vol ? Non, juste récupérer le fruit de leur labeur à une classe de fainéant·es ne vivant que de leurs rentes.
Le XXe siècle et ses drames belliqueux ont aussi touché la Vendée. Des déserteurs aux fusillés pour l’exemple de la grande guerre, recensés par Florence Regourd, aux figures de la résistance locale durant la seconde guerre mondiale, sans oublier les temps forts de fraternisation avec les camarades « d’en face », la tradition pacifique a eu son lot de figures dans notre région. Après avoir évoqué Odette Roux, première femme mairesse (communiste), Michel n’a pas oublier de citer ces récits des conscrits, forcés d’aller en Algérie pour une guerre coloniale, qui racontaient comment ils filoutaient pour ne pas à avoir à tirer sur des humains avec lesquels ils avaient plus en commun qu’avec leurs commandants.
Pour terminer, la pratique du maraîchinage (ou miguaillage dans le 79) fut abordée. Cette coutume païenne permettant aux jeunes gens de profiter des plaisirs du sexe avant mariage, sans risquer la procréation. Nous avons alors pu constater, sous les récits audios passionnés des ancien·nes, que les mœurs libérés étaient une norme discrète, mais norme tout de même. Au point d’intéresser un médecin intrigué, le docteur Baudouin, qui relata ces comportements avec soin mais dont l’académisme a porté à rire. De l’autre penchant, ces rites de jeunesses ont également été la cible des réactionnaires. Que ce soit de maires faisant paraître des arrêtés contre la pratique du maraîchinage comme à St Jean de Mont ou St Urbain, ou des prêtres persécutant, certainement avec une perversion et une excitation palpable, les jeunes femmes lors des confessions prénuptiales.
Heureux de ce succès ayant regroupé une trentaine de participant·es, le groupe Henri Laborit remercie chaleureusement Michel Gautier dont le travail minutieux a permis ce moment convivial et militant. Nous reviendrons prochainement avec d’autres thèmes de causeries afin de poursuivre notre but d’éducation populaire et d’émancipation.
Révoluciun que étre màetre et cunpagnun !
L’enregistrement audio de la causerie est disponible sur demande.
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