Les Herbiers Antifa !

On n’a jamais essayé…

La classe ouvrière délaisse le terrain de la lutte des classes, de la gauche de combat. C’est un constat fait depuis des années. Certain·es sont même tenté·es par les mensonges de l’extrême-droite, par les vaines promesses masquant qu’en réalité, le fascisme et le capitalisme vont de pair. L’oppression fasciste a besoin de l’appui, des réseaux d’influence et de l’argent des nanti·es pour prendre le pouvoir et assoir sa domination. Inversement, la bourgeoisie a besoin d’un état policier ou de milices privées pour combattre les légitimes revendications de justice sociale.

Mais, déçu·es par les alternances d’une certaine « gauche » au pouvoir durant des décennies, voyant que le président des riches est lui-même un pur produit issu du PS, constatant que ce dernier pique allègrement dans le programme liberticide et raciste du RN, des délaissé·es du système en viennent à se dire qu’en fRance, on a essayé la droite, on a essayé la gauche, il reste donc à donner les rênes du pouvoir à l’extrême-droite avec en espoir de fond une plus grande justice sociale.

On n’a jamais essayé ? Vraiment ?

La fRance jamais dirigée par l’extrême droite ?

C’est oublier bien vite que les idées d’extrême droite ont gouverné ce pays durant des siècles. Pleins pouvoirs, censure, persécution des minorités… La monarchie n’était-elle pas le régime dont rêvent les nostalgiques de l’action française ou de tous ces membres des partis, de l’extrême-droite à LREM (Darmanin), passé·es par de tels groupuscules ?

C’est un peu vite oublier la période de Vichy aussi. Régime aussi dans les cœurs de ces mêmes personnes, de l’œuvre française à reconquête, en passant par Macron voulant réhabiliter la mémoire du maréchal.

C’est aussi faire fi que le gouvernement actuel a, dans les faits, mis en place beaucoup de fantasmes du RN : surveillance généralisée, dissolution, arrestation, persécution des opposant·es, censure des médias, chantage sur les ONG non-dociles, mutilations et meurtres de manifestant·es et émeutier·ères, envoie de l’armée avec des armes lourdes contre la population civile…

Mais tout cela n’a pas l’étiquette « RN ». Et donc ça ne compterait pas ?

Et là où iels essaient ?

En fait, les zones aux mains de l’extrême-droite, en fRance, il y en a malheureusement.
De trop nombreuses collectivités sont d’ores et déjà aux mains des bruns.

Le samedi 2 septembre, le groupe Henri Laborit de la Fédération Anarchiste s’est rendu aux Herbiers (85) dans le cadre d’une belle manifestation rouge et noire contre un regroupement fasciste (Lire ICI). Ce patelin est aux mains de l’extrême-droite la plus crasse (MPF puis reconquête, caché sous l’étiquette « divers droite ») depuis presque 10 ans. Faisons le point sur ce qui est advenu de cette ville pendant la dernière décennie.

* Racisme et xénophobie : outre les campagnes municipales axées contre les gens du voyage et l’implantation d’une église pentecôtiste, la mairie a refusé d’accueillir des réfugié·es en 2015 en multipliant les propos racistes sur les immigré·es. Les propos racistes tenues par la députée-mairesse Véronique Besse, ou son successeur Christophe Hogard, dans leurs prises de parole publiques, se sont succédés : propos anti-musulman·es, terminologie discriminatoire (racailles, barbares, ensauvagement…).

* Soutient aux dictatures : dans le cadre de ses mandats, Besse a fait une visite à Bachar al-Assad pour soutenir le régime du tyran.

* Censure : nomination d’un réac issu de l’ICES à la programmation culturelle et déprogrammation de la pièce de théâtre « la bête n’est pas morte », destinée aux collégien·nes.

* politique antisociale : coupes budgétaires à l’encontre d’associations d’aide aux précaires et migrant·es, volonté de contrôler le tissu associatif local.

* LGBT+phobie : Propos LGBT+phobes de Besse dans le cadre de ses mandats.

* Anti-écologie : positions anti-renouvelables et pro-nucléaire, accaparation de terres agricoles pour les mettre à disposition du parc d’attraction révisionniste du Puy du Fou.

* Flicage : généralisation de la vidéosurveillance, police municipale armée de pistolets automatiques.

Et si on se lève contre ?

Localement, les langues peinent à se délier. Les personnes de gauche ont peur des retombées sur elles-mêmes ou leur famille tant l’influence de l’extrême droite est forte jusque dans les recrutements. C’est pourquoi la grande majorité des militant·es présent·es à cette contre-manif étaient d’ailleurs. Remercié et encouragé par les locaux sur le parcours de la manif, le cortège rouge et noir a dû faire face à un dispositif répressif disproportionné.

La veille, les commerçant·es du centre-ville ont reçu un message de la mairie les incitant à ne pas laisser leur matériel en terrasse voire à fermer le rideau, en accusant les manifestant·es d’être violent·es. Avant d’arriver sur les lieux, des voitures banalisées rôdaient depuis le matin et traquaient quiconque n’avait pas l’allure flico-compatible. L’heure de la manif approchant, par décision de la procureure, tou·tes celleux s’approchant de la zone voyait leur plaque d’immatriculation relevée et leur identité contrôlée, parfois plusieurs fois de suite.

Il y avait sur place plus de flics, lourdement armés, que de manifestant·es antifas. A tel point que les témoignages des commerçant·es affirment que la population a eu peur du dispositif policier, et non de la manif. Tout objet déplaisant aux forces de répression était systématiquement volé par ces dernières. C’est ainsi que des fumigènes de farce et attrape ont été volés car pouvant être utilisés comme « armes par destination ». Qu’une telle confusion puisse avoir lieu dans la tête d’un flic ne serait pas étonnant, mais on va plutôt penser qu’il s’agissait de nuire aux manifestant·es, de les intimider pour les enjoindre à ne pas manifester, de réduire la visibilité de leur présence…

On notera dans la réquisition de la proc’ la terminologie employée : « groupuscules antifas », « côté royaliste », « plusieurs autorités dont le duc d’Anjou, Louis de Bourbon ».

Et, malgré le fait que sur la réquisition-même de la proc’, il est fait mention de militants d’UD (Ultra-Droite) cherchant la confrontation, ces derniers n’ont jamais eu à être inquiétés. Alors même que le service d’ordre des royalistes était armé de façon visible. Pire, les barbouzes nazis venus nous narguer à distance semblaient s’acoquiner avec la flicaille.

Et comme si la vidéosurveillance omniprésente sur la ville, ainsi que la proximité directe du commico, n’étaient pas suffisantes, nous avons eu l’honneur d’avoir un drone pour surveiller nos faits et gestes.

La manifestation antifa n’avait pas pour ambition d’aller au contact, cela n’a jamais été caché. Elle s’est déroulée comme prévu de manière festive et pêchue. Et malgré cela, les commerçant·es ont tout de même reçu un second message leur disant que la présence du Bourbon de service dans leur commune était une chance. Et oui, face à l’enthousiasme local de voir des antifas prendre possession des rues, la contre-information fasciste a répliqué, certainement très déçue de ne pas avoir pu dire qu’une horde de barbares avait mis à sac le centre-ville.

On n’essayera jamais !

Voilà donc le visage de l’extrême-droite au pouvoir ! Des discriminations, une politique anti-écologiste, la censure, la mise à disposition de matériel municipal au service de la pire peste brune (GUD, AF, hools nazis…), la répression…

Mais sur place, les Herbretais·es ont pu voir une lueur d’espoir. L’antifascisme n’est pas mort. Face à l’enthousiasme des personnes rencontrées, nous saluant avec leurs enfants, nous encourageant, nous félicitant… Nous voulons aider les Herbretais·es à entrer en lutte. Vous n’êtes pas seul·es ! Nous pouvons vous aider à la création d’un collectif local contre le fascisme et nous pouvons être présent·es, venir en renfort quand vous en aurez besoin.

Le fascisme c’est la gangrène !
NO PASARAN !

Merci à toutes les personnes et tous les groupes, syndicats et collectifs s’étant déplacé·es et ayant fait de cette manif une réussite :
NOVA, AFA-LRB, Bastyon, CAN, Collectif Noir et Rouge, AFA-79, AFA Pays de Retz, UN’Yon étudiante, Solidaires, Attac, Faire Bloc, CNT44, UCL44, les individuel·les et les collectifs autonomes.